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7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 10:41

Le rapport du comité d’évaluation de l’agence de la rénovation urbaine (ANRU) dresse un bilan critique des résultats obtenus en matière de lutte contre les ghettos : la plupart des ménages relogés sont restés dans un quartier sensible.

La mixité victime du manque de solidarité 

« Je ne vois pas comment on peut faire si les élus ont une pratique vis-à-vis du logement social qui consiste à dire : “Si j’en ai, je n’en veux plus. Si je n’en ai pas, je n’en veux pas” ? », s’est interrogé, Yazid Sabeg, en présentant le rapport annuel du comité d’évaluation et de suivi (CES) de l’Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru). Pour le président de cette instance composée de personnalités indépendantes et chargée d’évaluer le programme de lutte contre les ghettos, cette absence de «solidarité intercommunale» est la principale raison des faibles résultats de l’Anru en matière de promotion de la mixité sociale.


démolition lewes Aucun changement significatif 

En principe, l’Anru pilote les programmes de destruction et de reconstruction d’habitations dans les quartiers sensibles. L’objectif est de « briser cette logique d’assignation à résidence qui relègue durablement les familles et leurs enfants sur un territoire subi ». Mais, dans les faits, 68 % des nouvelles habitations sont construites en zone urbaine sensible (ZUS) et près de la moitié dans la même commune que les anciennes. Faute de pouvoir répartir les logements sociaux entre les communes, les politiques de démolition-reconstruction perpétuent la concentration urbaine de la pauvreté.

La difficulté à maintenir des loyers et des charges à coût égal dans les habitats rénovés limite aussi l’impact des rénovations. Ainsi, si « 45 % des ménages relogés connaissent un taux d’effort stable », c’est rarement le cas pour ceux installés dans une habitation neuve. Avec une hausse des charges significative dans 30 % des cas, près d’un tiers des nouveaux logements sont inaccessibles aux plus pauvres. Le rapport estime d’ailleurs que ceux « qui profitent le plus du relogement sont plutôt des ménages aisés et plus petits que la moyenne des ménages en ZUS ». Résultat, « dans la majorité des cas, le relogement ne semble pas avoir apporté de changements significatifs des conditions sociorésidentielles des habitants ».


tourville neuf Un accès au relogement plus difficile

Plus grave, en raison de la relative inadéquation entre les nouveaux et les anciens logements, la rénovation urbaine risque d’exclure plus encore les plus fragiles, notamment les grandes familles. Car, si à l’échelle nationale, 97 % des logements détruits vont être reconstruits, « l’offre très sociale est rare » et les habitations de plus de trois pièces sont moins nombreuses. Cette situation rend l’accès au relogement plus difficile pour les plus pauvres et conduit à de nouveaux phénomènes de ségrégation spatiale.

À Blois, par exemple, les ménages les plus précaires des quartiers affectés par un projet de l’Anru ont été installés dans des appartements à faible loyer des zones non rénovées des quartiers nord de la ville, où la situation sociale se dégrade rapidement.

Face à cet état de fait, le CES invite à ne plus envisager la rénovation urbaine à l’échelle des quartiers mais à celle des agglomérations urbaines. Mais pour ce faire, il faudra envisager de construire du logement « très social » sur les autres communes de l'agglomération. Il demande aussi à sortir d’une lutte contre la ségrégation urbaine uniquement fondée sur la rénovation du bâti et « pas assez articulée sur la vie sociale des quartiers ».


salle-polyvalente.jpg Des solutions?

L’urbain ne peut pas tout. Ce qui est cassé dans le champ social ne peut pas être réparé dans celui de l’urbain. On ne remplacera pas la formation et l’accès à l’emploi par une forme urbaine, par des HLM repeintes ou restructurées, ou, dans le meilleur des cas, par du développement durable. L’ANRU a laissé le ghetto urbain, social et ethnique, se reconstituer sur lui-même. Dans le meilleur des cas - à savoir quand elle va au bout de ses projets, ce qui est la moindre des choses - l’ANRU n’a fait qu’accompagner ce phénomène. Il y a un pan de la société française qui est complètement en dehors du champ du travail. C’est là qu’est le fond du problème. Ces quartiers, à l’origine, représentaient une valeur : parce qu’ils étaient neufs, parce que leurs populations avaient du travail, parce qu’il y existait une certaine mixité sociale. Ca fonctionnait plutôt bien. Avec la crise, ils se sont enfoncés dans le gouffre où ils se trouvent maintenant. Laisser accroire l’idée qu’on pourrait remplacer une politique sociale (formation, emploi, santé…) uniquement par une politique urbaine est un leurre profond, absolu.

Il faut penser totalement autre chose. Il va falloir refonder ces territoires urbains en amenant autre chose que du logement social. Et il est impossible d’y parvenir sans renforcer la loi SRU, de manière coercitive et puissante, afin de construire ailleurs. C’est indispensable pour qu’on puisse féconder ces territoires différemment avec des activités, avec des logements d’une autre nature, des équipements de grande dimension. Il faut modifier complètement notre regard sur les quartiers.

 

Pour désenclaver les ghettos, il faudrait donc avoir une approche globale qui prenne en compte la question des transports, celle de l’implantation des services ou de l’accès à l’éducation. Un plaidoyer qui semble à mille lieues des préoccupations d’un gouvernement obsédé par les économies budgétaires et les réponses sécuritaires.


 

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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 11:47
etats generaux du logement-0f0ad
La crise du logement s’aggrave. Son caractère porte essentiellement sur l’insuffisance de production de logements sociaux à loyers abordables. 
La raison se situe dans les politiques de l’Etat favorisant le logement privé et la spéculation immobilière au détriment du logement social. La situation des demandeurs et des mal logés se dégrade : tout cela génère des sentiments d’abandon, d’angoisse, de désespoir et de colère auxquels il convient de donner une perspective politique.
Il y a urgence : urgence de solutions, urgence de mobilisation... 
En effet, les Etats généraux du logement, de l’habitat et de la ville, ont montré que "c’est bien de l’urgence d’une autre politique que celle menée actuellement par le gouvernement qu’il s’agit quand "3,5 millions de personnes ne sont pas logées, ou mal : 1,3 million de personnes sont demandeuses de logements sociaux : 100 000 sont sans abri et 100 000 familles sont menacées d’expulsion locative".

Les Etats généraux ont proposé l’exigence de l’abrogation de la loi Boutin, le gel des loyers dans tous les secteurs locatifs, l’abrogation de l’expulsion, le lancement en urgence de la construction de 180 000 logements sociaux par an et le respect de la loi SRU imposant 20 % de logements sociaux dans chaque ville. Concernant les moyens financiers, il est proposé de mettre en place dès 2010, un collectif budgétaire de 2 milliards d’euros financé par la suppression des aides fiscales à la spéculation immobilière.

"Au delà de nos débats, il y a urgence de résistance et de luttes"... 
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