En ce 8 mars 2012, il est important de revenir sur les raisons et l’enjeu del’existence d’une journée internationale des droits des femmes.
En soutien aux nombreuses manifestations des ouvrières du débutdu siècle, Clara Zetkin, journaliste allemande dirigeant la revue Die Gleichheit (l’égalité), propose en août 1910, lors de la seconde conférenceinternationale des femmes socialistes, qu’une journée des femmes soit organisée chaque année.
Dès le départ, les femmes veulent que cette journée soit marquée de leur volonté politique de lutter pour la conquête de leurs droits. En France, les femmes se battent depuislongtemps pour obtenir l’égalitéfemme/homme notamment celle desdroits politiques. En 1910, une vingtaine de féministes dont Madeleine Pelletier se présenteront aux élections législatives, leurs candidatures seront rejetées.
En 1921, tandis que la Suède accorde le droit de vote aux femmes, le Gouvernement français crée la médaille de lafamille française pour honorer les mères méritantes qui, durant la guerre de 1914, ont travaillé et élevé « dignement » leurs enfants !
Dans l’esprit d’une journée internationale des femmes pour le droit de vote, la chambre des députés adopte, le 7 avril 1925, le droit de vote des femmes aux élections municipales et cantonales. Le parti communiste français, profitant d’une lacune de la réglementation, propose des femmes en position éligible sur les listes aux élections municipales. Trois d’entre elles seront élues mais leur élection sera annulée etla loi autorisant ce droit de vote aussi.
Il faut attendre 1944, après bien des batailles, pour obtenir enfin ce droit !
La montée du mouvement féministe des années 1970 poussant, les Nations Unies reconnaissent officiellement la journée internationale des femmes en 1977.
L’ACTUALITÉ DES COMBATS POUR L’ÉGALITÉ
Cette journée est donc hautement politique et marque combien les combats pour l’égalité restent d’actualité.
Comment ne pas être révoltés par les inégalités qui perdurent dans l’accès à laformation et à l’emploi, dans les formes d’emploi, dans les salaires à qualification similaire, dans le partage des tâches et des fonctions dans le couple et au seinde la famille, dans le regard que lasociété porte sur l’image du corps de l’un et de l’autre, dans l’égal accès auxpostes de responsabilité politique ?
Chaque jour de nouveaux coups sont portés.
Les réformes politiques impulsées par Nicolas Sarkozy remettent en cause les droits des femmes : casse de la santé et fermeture des centres IVG, inégalités salariales entre les femmes et les hommes amplifiées par la crise, réforme de la retraite, pouvoir d’achat en berne et instauration de la TVA dite sociale.
Mais cela n’est pas tout, Marine Le Pen en rajoute une couche avec son objectif de fermer les plannings familiaux et d’envisager le non remboursement de la contraception et de l’IVG. Et sa proposition de faire revenir les femmes chez elles, les enfermant ainsi dans un rôle de femme au foyer. Même ambitions, même politique qu’il faut dénoncer pour faire sauter le vernis de « respectabilité » de cette dirigeante du front national que certains médias tentent de faire passer pour une démocrate et une féministe.
Pour ce qui concerne la représentativité des femmes dans les instances démocratiques on remarque des inégalités selon les modes de scrutin. Les scrutins proportionnels où la parité est une des conditions pour rendre une liste éligible se solde par l’élection d’assemblées quasi paritaires :
48,8% de femmes dans les conseils régionaux.
43% de députées européennes
48,5 % de conseillères municipales dans les communes de plus de 3 500 habitants là où la parité est obligatoire.
Par contre, avec les scrutins uninominaux majoritaires, il n’y a que 107 femmes députées, soit 18,7%, à l’Assemblée alors qu’elles étaient 41% de candidates. Et 13,8 % parmi les conseillers généraux élus en mars 2011. Pour ce scrutin, la parité a même été travestie par une obligation d’avoir des tandems paritaires et les femmes se sont retrouvées pour la plupart suppléantes !!!!
Mais si le mode de scrutin est décisif, la volonté politique des partis l’est aussi. Ainsi par exemple, pour le sénat, où nombre de sénateurs sont élus à la proportionnelle, le groupe communiste républicain, citoyen comprend 12 sénatrices sur un total de 21 sénateurs – soit 57% – et est présidé par une femme alors que seulement 76 femmes sont élues dans la haute assemblée et n’y représentent que 21,8 %.
Par ailleurs, la construction au masculin de la vie politique continue aussi d’influer la représentation que les femmes elles-mêmes peuvent avoir de leur place en politique.
Nous voyons donc que le mode de scrutin est décisif, tout autant que la loi imposant la parité, mais que la prégnance du système patriarcal sur la société ne l’est pas moins.
DÉNONCER LE PATRIARCAT
Simone de Beauvoir a écrit «Il n’y a pas toujours eu des prolétaires,il y a toujours eu des femmes ». Les contradictions entre les sexes sont de fait beaucoup plus anciennes que les contradictionsentre les classes et elles ne leur donnent pas naissance. Elles se développent ensemble sans pour cela se confondre mais en se favorisant mutuellement. Ce schéma, qui a imprégné les siècles, a structuré profondément nos sociétés.
La démocratie moderne ne dénonce pas l’exclusion, elle continue de la maintenir, voir de la fabriquer. Le capitalisme et le patriarcat se nourrissent mutuellement pour aliéner les femmes avec le renfort de certains courants religieux.
Dénoncer le patriarcat, montrer qu’il fonde encore de nos jours la situationdes femmes dans la société, est denature à faire évoluer les mentalités pour opérer des rassemblements au-delà des seuls mouvements féministes.
Ce combat doit se mener de façon solidaire, rassembler hommes/femmes.
C’est toujours à la suite de longues mobilisations des féministes que des avancées juridiques voient le jour. Chaque fois que la loi a été renforcée et complétée, ce sont de nouveaux outils dont les femmes ont pu se servir pour faire valoir leurs droits, défendre leur dignité. L’ensemble des organisations démocratiques doit s’appuyer sur ces avancées pour donner les moyens de l’application de ces lois.
Ce combat n’est pas, à la veille de la présidentielle et des législatives, un supplément d’âme. C’est le fondement de notre programme L’humain d’abord que portent les candidats et les candidates du Front de gauche. L’égalité femmes/hommes n’est jamais automatique, alors placer le combat féministe au cœur de tout changement de société, et ne rien lâcher sur ce sujet, est une garantie et peut contribuer à des avancées en matière de droits des femmes.
C’est l’ensemble de la société qui en bénéficiera.
C’est pourquoi nous proposons :
- - D’introduire des sanctions financières dans la loi pour non-respect de l’égalité salariale femmes/hommes en imposant aux entreprises non pas une obligation de moyens, mais une obligation de résultats, et que cette pénalisation financière, qui s’élève aujourd’hui à 1% de la masse salariale, monte à 10%. Seront également supprimées les subventions et les aides publiques aux entreprises hors-la-loi.
- - De revaloriser les salaires des métiers féminisées avec prise en compte de leurs compétences et leur pénibilité.
- - De supprimer le travail partiel contraint. Le CDI à temps complet doit être la règle, l’emploi statutaire la norme.
- - Les femmes étant les premières touchées par la précarité dans le domaine de l’emploi, de lutter généralement contre le travail précaire.
- - De faire cotiser les employeurs sur la base du temps plein pour tout emploi à temps partiel, pour supprimer la pénalisation du temps partiel sur le montant des pensions.
- - De porter le SMIC à 1 700 euros brut en début de mandat puis à 1 700 euros net en fin de mandature.
- - De créer un véritable service public de la petite enfance, mixte, gratuit et de qualité.
- - De défendre le retour de la retraite à 60 ans à taux plein, avec l’abrogation de la réforme Woerth, des lois Fillon et des décrets Balladur-Veil. Une réforme des retraites, digne de ce nom, doit compenser les inégalités femmes-hommes (prise en compte des carrières interrompues notamment pour les femmes ayant élevé des enfants)
Nous ferons aussi de la lutte contre les violences faites aux femmes une de nos priorités.
Le Front de Gauche est né de l’exigence de réinventer la gauche. Dans cette campagne électorale, c’est le moment pour toute la gauche de réaffirmer haut et fort que tout sera mis en œuvre pour l’égalité femmes/hommes.